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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/25

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Et appaiſer le Dieu tres courroucé.
    Agamemnon adonc ſ’eſt avancé,
Tout enflammé de deſpit furieux,
Et à le veoir, on euſt dict que ſes yeux
Eſtincelloient, comme un brandon ardant,
Si dict alors (en Calchas regardant)
Plein de fureur : Malheureux devineur,
Oncques par toy ne fut predict bon heur,
Ains as touſjours de penſée perverſe
Prognoſticqué quelque fortune adverſe :
Et qu’il ſoit vray, ores pour me faſcher,
Tu viens icy haranguer & preſcher.
Que ceſte peſte eſt au camp ſurvenue
Pour ce que j’ay Chryſeis retenue,
Que j’ayme tant : Sa beauté tres exquiſe
À tellement ma volunté conquiſe,
En la voyant, que j’avois eſperance,
Qu’elle ſeroit à jamais demourance
En ma maiſon, avec mon eſpouſée
Clytemneſtra, à qui j’ay prepoſée
Et à bon droict car elle ne la paſſe
En corps, eſprit, beauté, ne bonne grace,
Mais puis qu’il fault, pour la peſte chaſſer,
Que je la rende : ha je la veux laiſſer,
Aymant trop mieux eſtre d’elle delivre,
Et que le peuple en ſanté puiſſe vivre.
Prenez la donc : & pour me reparer,
Deliberez de toſt me preparer
Ung autre don : car pas ne ſera veu,
Que ie demeure entre tous deſpourveu.
    Lors Achillés le plus fort des Gregeois,
Luy repliqua, en preſence des Roys :