Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et qu’il t’a faict nourrir de ton jeune eage,
Comme ſon Filz venant de Mariage.
Quant eſt à moy, ie te jure & promectz
En Foy de Roy, que ſi ie prens jamais
Ceſte Cité, apres moy, tu prendras
Du beau Butin ainſi que tu vouldras.
Ie te donray ung Trepier d’or bruny,
Ung Chariot de deux Chevaulx garny,
Ou pour le mieulx, une belle Troiene
Fille à Priam, ou aultre Citoiene,
Qui avec toy en ton Lict dormira;
Et ſ’il te plaiſt touſjours te ſervira
    La n’eſt beſoing grand Roy, que tu t’efforces
(Dict lors Teucer) à inciter mes Forces.
Souvent ie tire, emploiant ma puiſſance
Et induſtrie, à leur porter nuyſance.
Et qu’il ſoit vray, huict vaillans Ennemys
Sont par mes Traictz à mort cruelle mis.
Mais ie ſerois à mon ſouhait vengé,
Si ie frappois ce Matin enragé.
    Diſant ces motz ſon Arc enfonce, & jecte
Encontre Hector ſa picquante Sagette.
Trop deſiroit l’attaindre & embrocher,
Mais il n’y peuſt aucunement toucher.
Ce neantmoins la Sagette envoyée,
Fut ſur ung Filz de Priam employée
Gorgythion, navré ſoubz la Mammelle :
Dont il receut mort Subite & cruele.
Il eſtoit Filz de la Nymphe honorable
Caſtianire, aux Déeſſes ſemblable :
Qui du bon Roy fut en Thrace Eſpouſée,
Pour la Beaulte dont elle eſtoit priſée.