Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/266

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Obeyſſant au Roy Euryſtheus.
Certainement les travaux qu’il a euz
L’euſlent miné : mais quand il ſ’eſcrioit
Ou qu’il plouroit, Iuppiter me prioit
D’aller à luy : Ce que j’ay ſouvent faict,
Le preſervant d’eſtre pris ou deſfaict.
Si ie me fuſſe en ce Temps adviſée,
Comme ie ſuis ores de luy priſée :
Son Herculés euſt eſté retenu
Au fond d’Enfer : onc n’en fut revenu.
Il n’euſt la faict l’honorable Conqueſte
De Cerberus, le Chien à triple Teſte.
One n’euſt paſſe l’Infernale Riviere
Nommée Styx, demeuré fuſt derriere.
Et maintenant pour digne Reſcompenſe
De mon Merite, il me hayt, il me tence,
Pour condeſcendre aux legiers Appetiz,
Et vain deſir de la blanche Thetis :
Qui l’a flatté en Langaige humble & doulx
Touchant ſa Barbe, & baiſant ſes Genoulx :
Pour honorer Achillés ſon cher Filz,
Et les Grecs rendre Oultrez & Deſconfictz.
Si ſcay ie bien qu’en brief le Temps viendra,
Que Iuppiter pour Fille me tiendra :
Et que d’autant que de luy ſuis blaſmée,
D’autant ou plus j’en ſeray bien aymée.
Or ſi tu veulx Iuno, va t’en appreſté
Le Chariot, ie ſeray bien toſt preſte.
Ie m’en iray en ſa Maiſon pour prendre
Son beau Harnoyſ : ie veulx bien faire entendre
À ce Troien, quel Dueil ou quelle Ioye
Il doibt avoir, mais qu’en Guerre me voye