Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/265

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Et tant ardentz que ceulx de la Gorgone
S’approche d’eulx, & plus fort les eſtonne :
Tournant deca, dela pour adviſer
Comme il pourroit les deſfaire & briſer.
    Adonc Iuno indignée & dolente
De voir ſouffrir peine ſi violente
Aux fortz Gregeois, & craignant qu’il ſurvint
Encores pis à Minerve ſen vint,
En luy diſant. Ô Fille treſamée
De Iuppiter, peulx tu veoir ceſte Armée
En tel danger, ſans avoir quelque Soing
De leur ayder à l’extreme Beſoing ?
Souffrirons nous qu’ilz meurent de la main
D’ung ſeul Hector Meurtrier tant inhumain ?
Ne voys tu pas à quoy ilz ſont reduictz ?
Ne voys tu pas comme il les a conduictz
Iuſqu’en leurs Nefz : & qu’il ne ceſſera,
Iuſques à tant que tous mortz les aura ?
    Alors Pallas reſpondit ie voy bien
Ce que tu dis, ie n’en ignore rien.
Mais ceſt Hector Hardy & Orgueilleux :
Duquel on voit les Faictz tant merveilleux
Et dont les Grecs ſont ſi ſort eſbahiz,
En brief mourra, dans ſon propre Pays.
Or de cuyder reſiſter au vouloir
De Iuppiter, on ſ’en pourroit douloir :
Ie le crains trop. Car ſa Faveur deſpite
Souventeſfois encontre moy ſ’irrite :
Diſſimulant par grande Ingratitude,
L’extreme Peine & la Solicitude
Que j’ay porté, pour Herculés ſaulver,
Lors qu’il alloit ſes Forces eſprouver,