Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/273

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Il dictz ainſi. Oyez vaillans Troiens,
Tant eſtrangiers Souldards, que Citoyens,
I’avoys conceu a ce jour Eſperance,
(Et qui plus eſt, j’en avoys aſſeurance)
D’occire tout, & les Nefz ruiner,
Et puis vainqueur à Troie retourner :
Mais mon Entente à eſté empeſchée,
Puis que la Nuict ſ’eſt ſi toſt approchée.
Parquoy ie ſuis d’advis de ne bouger
Encor d’icy : ains Camper & Loger
Tout a noſtre aiſe. Or fus donc que l’on face
Ce qu’il convient, chaſcun preigne ſa Place.
Que les Chevaulx ſoient nourriz & penſez
D’Orge & d’Aveine : Et quant & quant penſez
Les ungs d’aller à Troie, pour avoir
Beufz & Moutons : Les aultres de pourveoir
Au Pain & Vin. Encor fault qu’une Troupe
Avant ſouper grand foiſon de Boys coupe,
Pour faire Feux, qui puiſſent allumer
Toute la Nuict. Ces Grecs pourraient par Mer
Secretement ſ’en fouyr. Et ie veulx
S’il eſt ainſi, ſoubdain courir ſur eulx :
Et les preſſer ſi rudement ſur l’heure,
Qu’en ſ’en fuyant quelque nombre en demeure.
À celle fin que leur Deſconfiture
Serve d’Exemple à toute Creature.
Et qu’on ne ſoit ſi hardy d’entreprendre
Contre Troiens, qui ſe ſcavent defendre.
Et ce pendant que ſommes icy loing
De la Cité, il fault avoir le ſoing
De la garder. Les Heraulx donc iront
Soubdain à Troie, & au Peuple diront :