Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/275

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À mon Renom, teſmoignant ma Proueſſe
Comme à Phebus & Pallas la Déeſſe.
    Ainſi parla, dont Troyens qui l’ouyrent,
Incontinent à ſonVueil obryrent.
Leurs bons Chevaulx laſſez ont deſliez,
Et aux grandz Chars commodement liez
De la Cite ont ſoubdain apporté
Pain, Vin, Moutons, & Beufz à grand planté.
Puis ont dreſſé au mylieu de l’Armée
Mille grandz Feux dont la Flamme & Fumée
Montoit aux Cieulx, pouſſée par le vent.
Et tout ainſi que l’on peult voir ſouvent,
En Temps ſerain, prés de la Lune claire,
Les Corps du Ciel (car une chaſcun eſclaire
Tant que les Montz les Vallées Plaines
Sont de Lumiere ainſi qu’en beau jour pleines)
Dont le Berger qui ſa Veue en hault jecte,
Se reſjouyt en ſa baſſe Logette.
Semblablement de la Troiene Ville,
En celle Nuict : tant Seraine & Tranquille,
Les habitans voyoient & choyſiſſoient
Le Campa aſſiz, & ſ’en reſjouyſſoient.
    Doncques ayans donné la Nourriture
À leurs Chevaulx d’Aveine & de Paſture,
Se vont aſſeoir (pour mieulx prendre leurs Sommes)
Prés chaſcun Feu, juſtement Cinquante Hommes
Avec Eſpoir que l’Aube retournée,
Seroit des Grecs la derniere journée.