Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/277

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De froide Craincte, iceulx avoit menez
Honteuſement juſques dedans leurs Nefz.
    Et tout ainſi que l’on peult veoir ſouvent
La Mer Pontique agitée du Vent
Dict Boreas, ou Zephyrus, ſortans
Des Montz de Thrace, & les Flotz agitans
Si fierement, qu’ilz ſont que la noire Vnde
Eſt eſlevée hors de la Mer profonde.
Semblablement ſe trouvoient les Eſpritz
Des Princes Grecs, tous eſmeuz & ſurpris.
Entre leſquelz, Agamemnon eſtoit
Celuy qui plus au Cueur ſe tormentoit.
    Si commanda aux Heraulx de prier
Chaſcun des grandz (doulcement ſans crier)
De ſe vouloir aſſembler en ſa Tente,
Pour leur monſtrer clerement ſon Entente.
Ce qui fut faict : Tous les Roys ſ’y rendirent
Auſſy ſoubdain que ſon Vueil entendirent.
    Eſtans aſſis ſelon leur Ordre & Place,
Agamemnon (monſtrant dolente Face)
Se meit debout, jectant la Larme tendre,
Que l’on voyoit par ſa joue deſcendre,
Ne plus ne moins que l’Eau d’une Fonteine
Fortant d’ung Roch, coule parmy la Plaine.
Si dict ainſi ſouſpirant grieſuement.
Trop m’a traicté Iuppiter rudement
(Ô Princes Grecs) & encores ne ceſſe
De me Plonger en plus grande Triſteſſe.
Il me promiſt jadis que ie mectroye
En Feu & Sang, ceſte Ville de Troie.
Et maintenant (dont trop ie m’eſmerveille)
Tout le Rebours me commande & conſeille,