Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/278

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Ceſt aſſavoir qu’ores ie me deſtourne
De l’Entrepriſe, & qu’en Grece retourne :
Ayant perdu l’Honeur, la Renommée,
Et la pluſpart de ma puiſſante Armée.
Ainſi le veult ce grand Dieu, qui abaiſſe
Quand il luy plaiſt toute Force & Haulteſſe.
Qui les Citez plus grandes extermine,
Rez Pied, rez Terre, & mect tout en Ruine.
Puis qu’ainſi va, ie ſuis d’advis qu’on ſuyve
Sa Volutée : & que plus on n’eſtrive.
Allons nous en, auſſy bien noſtre Peine
Seroit icy trop inutile & vaine.
    Tout le Conſeil ayant leur Chef ouy,
Fut ung long temps Muet & Eſbahy :
Iuſques à tant que le Preux & Diſpos
Diomedés entama le Propos.
Filz d’Atreus (dict il) ton Ignorance
Me perſuade une grande Aſſeurance
Preſentement, ayant ouy ton dire,
De te Reſpondre, & de te Contredire.
Doncques ne ſoys contre moy irrité,
Ne contre aulcun : puis que la Liberté
Et juſte Loy du Conſeil eſt qu’on peult
Mectre en avant la Sentence qu’on veult.
Ie te ſupply, dy moy ores ſans Faincte,
Quand as tu veu ce Camp ſi plein de Craincte,
Tant mal expert aux Aſſaultz & Alarmes,
Qu’il leur convienne ainſi laiſſer les Armes ?
As tu ſi mal leur Cueur conſideré ?
As tu ſi peu de leur Force eſperé.
Qu’il ſoit beſoing à ta ſimple Requeſte,
Habandonner la Troiene Conqueſte,