Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/279

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Certainement l’Injure eſt par trop grande,
De Meſpriſer ſi valeureuſe Bande.
Mais ce n’eſt rien, tu en es Couſtumier,
I’en ay ſouffert moy meſmes le Premier,
Ieunes & Vieulx de ce Camp ſcavent comme
Tu m’as tenu aultreſfois pour ung Homme
Laſche & Craintif, ſachant trop mieulx cauſer,
Qu’aux grandz Dangers de Guerre m’expoſer.
Et puis qu’il vient à Propos de reſpondre,
Ie te diray ces motz, pour te confondre.
Les Dieux haultains t’ont departy l’Honeur
De porter Sceptre, & d’eſtre Gouverneur
De ce grand Oſt : Mais de Force & Courage
Et bon Conſeil, qui eſt grand Avantage
En faict de Guerre, ilz t’ont voulu priver,
Et ne pourrais à ce But arriver.
Garde toy donc deſormais d’entreprendre
D’injurier les Grecs, ou les reprendre.
Et ſi tu as Fantaſie ou Soulcy
En ton Eſprit, de t’en fouyr d’icy :
Monte ſur Mer, vat’en, ton Equipage
Eſt deſja preſt ſur le Bord du Rivage.
Qui en brief temps, ſans nul Adverſité,
Te conduyra juſques en ta Cité.
Les aultres Grecs icy feront ſejour,
En attendant le tant deſiré jour,
Qu’on prendra Troie. Et ſ’ilz ont le vouloir
De ſ’en aller, mectans à nonchaloir
La belle Empriſe, Eſthenclus ſera
Avecques moy, qui ne ſe laſſera
De demeurer, juſques à tant qu’on voye
La fin du tout. Bien certains que la voye