Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/28

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Lequel les Grecs, pour ample teſmoignage
De ma vertu, m’ont donne du pillage.
I’ay bien raiſon mieux que toy de me plaindre,
Touſjours ma part du butin eſt la moindre,
Bien que je ſoye aux aſſaultz le premier,
Et en bataille à vaincre couſtumier :
Ce neantmoins mon eſprit ſe contente
De ce qu’alors on me baille, ou preſente.
Et pour-autant qu’il eſt meilleur de vivre
En paix chez ſoy, qu’icy la guerre ſuyure
Sous tel Tyran, je veux monter ſur mer
Demain matin : faire voyle, & ramer,
Pour retourner en mon pais de Phthie,
Et toy perdant la plus grande partie
De ton honneur, icy demeureras,
Et tes grans biens en vain conſumeras.
    Si ton eſprit (dict Agamemnon lors)
Le veult ainſi, va t’en, va t’en dehors,
Ou te plaira : Car en nulle maniere
Ne te feray pour t’arreſter priere.
D’autres y a qui voudront demourer
Avecques moy, deſirans m’honorer.
Et meſmement Iuppiter le hault dieu,
Ne me lairra deſpourveu en ce lieu.
Tu es celuy entre les Roys & Princes,
Ô Achillés, qui plus me mords & pinces,
Tu es celuy qui prends tous tes eſbatz,
D’entretenir querelles & debatz,
Te confiant en ceſte force extreſme,
Qui vient des dieux, & non pas de toy meſme.
Va hardiment avec ta belle bande
De Myrmidons, & deſſus eux commande :