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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/29

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Car je ne prens faſcherie ou ſoucy
De ton depart, ne de ton ire auſſi.
Et ce pendant pour dompter ton audace,
Eſcoute bien ce dont je te menace.
Puis que Phœbus le dieu veult & ordonne,
Que maintenant Chryſeis i’abandonne :
Elle ſera ſans tarder renvoyée
Au vieil Chryſes, de mes gens convoyée :
Mais quant & quant dedans ta grande Tente,
I’iray querir Briſeida la gente,
Ta bien-aymée ; afin qu’on puiſſe veoir
De combien eſt plus haultain mon pouvoir
Que n’eſt ta force, & que doreſnavant,
Nul tant hardy, ne ſe mette en avant,
De ſe vouloir à moy equiparer.
    Aigre douleur ſe vint lors remparer
Aupres du cœur d’Achillés, qui batoit
Dans ſa poictrine, & tres fort debatoit,
S’il devoit lors de ſa grand Cymeterre,
Getter tout mort Agamemnon par terre
Et deſpartir toute celle aſſemblée,
Ou appaiſer ſa penſée troublée.
Mais la fureur ci fort le domina
Maulgré raiſon, que adonc il deſguaina.
    Surquoy Iuno qui ce cruel debat
Oyoit du Ciel, & voyoit le combat
Qui ſ’appreſtoit,voulant les deux defendre,
Feit promptement Pallas en bas deſcendre.
Qui ſ’approchant d’Achillés, doucement
Prins ces cheveux, lequel ſoudainement
Se retira, cognoiſſant la Déeſſe,
À qui les yeux eſtinceloient ſans ceſſe :