Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/290

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Que tous les Grecs ne ſoient exterminez,
Et mis à mort, voire dedans les Nefz.
Encores plus, pour leur Audace accroiſtre,
On a peu voir en leur Camp apparoiſtre,
Le Fouldre ardant à la main dextre, Signe
Tres apparent de leur Victoire inſigne.
Le fort Hector enflé de la Victoire
Du jour paſſé, & du ſecours Notoire
De Iuppiter, ne deſire aultre choſe
Que de voir l’Aube : & alors il propoſe
(Tant il eſt Brave, Horrible, Furieux,
Et Meſpriſant les Hommes & les Dieux)
Bruſler les Nefz Deffaire noſtre Armée :
Et nous Meurtrir, Eſtouffans de Fumée.
Ceſte Menace à noz eſpritz comblez
De froide Craincte, & grandement troublez.
Doubtans qu’il ſoit ainſi predeſtiné,
Et que les Dieux ayent la determiné,
Que tout ceſt Oſt, aprés longue Demeure,
Soit mis en Route, & qu’en ce Pays meure.
Or ſi tu as différé juſque à ores
De nous aider (bien que trop tard encores)
Reprens ton cueur, & tes forces excite,
Pour garantir ce dolent Exercite.
Car aultrement aprés la Perte faicte,
Marry ſeras (voyant la grand Deſſaicte
De tes amys) de n’avoir eu le Soing
À les ſaulver, quand en eſtoit beſoing.
Il vauldroit mieulx, afin de n’encourir
En ceſt Erreur, de toſt les ſecourir.
Et prevenir l’irréparable perte,
Qui ne ſcatiroit eſtre plus recouuerte.