Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


De vertueux) Aumoins ſa Conſcience
Le garderoit d’endurer ma Preſence.
Et ſil vouloittant ſe laiſſer aller,
Que de cuyder avecques moy parler,
Ie ne pourrois ma Fureur contenir :
Dont plus grand mal luy pourroit advenir.
Suffiſe luy de m’avoir mal Traicté.
Suffiſe luy que ſon Iniquité
Le Ronge & Mine, ainſi qu’ung Eſperdu
Ayant le Sens entierement perdu.
Et quant aux dons qu’il me faict preſenter,
Autant ſ’en fault, que les vueille accepter,
Que le Donneur, & Tes Dons ſont plus fort
Hayz de moy, que la cruelle Mort.
Non ſ’il m’offroit dix fois, vingtz fois autant,
Non ſ’il eſtoit tout ſon bien preſentant
Avec celuy qu’on Amene & Ramene
En deux Citez Thebes & Orchomene.
Thebes ie dis la ville Egyptiene,
Tant Populeuſe illuſtre & Ancienne :
D’ou, ſans ceſſer, par Cent Maiſtreſſes Portes
On voit ſortir Biens de diverſes ſorteſ :
Car tous les jours, plus de deux cens Chartées
Par chaſque Porte, en ſont hors tranſportées.
Et pour le tout en brief propos reſouldre,
Quand tout le Sable, & la terreſtre Pouldre
Seraient nombrez, & que l’on m’Offriroit
Autant de bien, cela ne ſuffiroit.
Impoſſible eſt que ie ſoys jamais aiſe,
Ne que mon Ire encontre luy ſ’appaiſe,
Iuſques a tant que ie voye la Peine
Correſpondant à l’Injure inhumaine.