Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/300

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Mais l’Ame humaine alors qu’elle eſt partie,
Iamais ne tourne au Corps d’ou eſt ſortie.
Thetis ma Mere aultrefois m’a compté,
Que ie ne puis de mort eſtre exempté :
Et que ma vie a eſté aſſignée
De prendre fin, par double Deſtinée.
Si ie demeure icy faiſant la Guerre,
Ie pourray Gloire immortelle conquerre.
Mais j’y mourray. Et ſi ie m’en retourne
En ma Maiſon : & que la ie ſejourne,
Mes ans ſeront tres longs, vivant en Heur,
Mais deſpouillé de Gloire & grand Honeur
Quant eſt à moy, j’ay adviſé de prendre
Ce ſeur Party, ſans rien plus entreprendre.
Et m’eſt advis que vous ſeriez treſbien
De faire ainſi, veu que n’avancez rien :
Et que l’on a l’Eſperance perdue,
Que Troie ſoit entre voz mains rendue.
Meſmes voyant Iuppiter & les Dieux,
À la garder eſtre ſi curieux.
Donques amys Ajax, & Vlyſſés,
Allez vous en, & icy me laiſſez.
Allez vous en pour les Grecs advertir
De ma Reſponce, & de mon Departir.
À celle fin que les plus Vieulx adviſent
Quelque aultre Voye & mieulx leurs faictz con-
Recognoiſſans qu’ilz n’ont rien avancé, (duiſent
Depuis le temps que ie fus offenſé.
Le viel Phenix ceſte Nuict à dormira
Dedans ma Tente, & Demain ſ’en ira
Avecques moy : au moins ſ’il veult venir,
Pas ne ie veulx maulgré luy retenir.