Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Fut ſans Repos. Et comme on voit ſouvent
Tonner, Plouvoir, Greſler, faire grand Vent,
Et Eſclairer, quand Iuppiter fouldroye,
Ou quand la Neige en ces bas Lieux envoye.
Ne plus ne moins ſortoient Souſpirs, Regretz,
De l’Eſtomach du grand Paſteur des Grecs :
Son Ctjeur trembloit, & l’Ame tres dolente
Sentoit en ſoy Angoiſſe violente
Meſmes alors que ſon Regard jectoit
Au Camp Troien, qui gueres loing n’eſtoit :
Ou il voyoit de grandz Feuz alumez,
Oyoit grand Bruict, Criz non accouſtumez,
Et les Haulxboys, & Fleuſtes qui ſonnoient,
Dont tous les Lieux prochains en reſonoyent.
D’aultre part, quand il tournoit la Veue
Deſſus ſa Gent, Crainctiſve & deſpourveue,
Qu’il contemploit mornes, & endormis,
Et preſtz à cheoir es Mains des Ennemyz,
Douleur griefue qui le faſchoit,
Tous ſes cheveux de la Teſte arrachoit
Tendant les Mains, invoquant Iuppiter,
Pour à pitié le cuyder inciter.
    En ce Combat d’Eſprit inſupportable,
Il luy ſembla que le plus proufitable
Seroit d’aller prompteinent eſveiller
Le Viel Neſtor, ſon prudent Conſeiller,
    Et avec luy faire quelque Ouverture
De bon Conſeil, affin que la Rompture
Qu’il craignoit tant, fuſt ailleurs deſtournée,
Et que ſa Gent ne fuſt exterminée.
    Eſtant debout, il prend ſon Veſtement
Accoutumé, & chauſſe promptement