Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/320

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Ses bons Souliers. Aprés cela il charge
Sur ſon Eſpaule une Peau belle & large
D’ung grand Lion traynant juſques en Terre :
Puis prend ung Dard, & ceint ſa Cymeterre.
    Ce temps pendant que ce Roy ſ’acouſtrois,
Menelaus d’aultre coſté n’eſtoit
Moins ſoucieux, ains de Craindte & de Dueil
Qui le tenoit, ne peult onc clorre l’Oeil :
Conſiderant le perilleux Danger
De tant de Grecs, leſquelz pour le venger
Avoient paſſé la Mer, faiſans la Guerre
Aux fortz Troiens, y penſans Gloire acquerre.
Adonc ſe leve, & deſſus ſon Corps mect
Son bel Harnoys, & au Chef ſon Armet.
Sur le Doz prend la Peau d’ung Liepard,
La Lance en Main, puis ſoudainement part,
Et ſ’en va droict aux Vaiſſeaux pour trouver
Agamemnon, & le faire lever.
Si le trouva ainſi qu’il achevoit
De ſ’abiller. Son Frere qui le voit
En eſt joyeux : Menelaus ſ’avance
Au prés de luy, & a parler commance.
    Mon Frere Aiſné, Qui te faict entreprendre
Preſentement ainſi les Armes prendre ?
Vouldroys tu point quelque Grec inciter
D’aller de Nuict les Troiens viſiter
Comme Eſpyon ? ie doubte grandement
Qu’on n’obeyſſe à ton commandement.
Et ſ’il advient que quelcun le parface,
Dire le fault Homme de grande Audace.
    Agamemnon reſpondit lors, Mon Frere
Et toy de moy avons tres grand aſfaire