(Sans oublier ſa longue & forte Darde)
Si va devers ces deux Grecs, & ne tarde
À les trouver, puis ſoubdain les invite
De ſ’en venir au Chef de l’Exercite.
En peu de temps tous les Princes & Ducz
Deſſus nommez, ſe ſont au Guet renduz.
Pas n’ont trouve ceulx qu’ilz avoyent commys
À faire Guet, mornes ny endormys.
Ains tous Veillans par Ordre, & eſcoutans,
En bons Souldards, & ruſez Combatans.
Car tout ainſi que les Maſtins qui gardent
Les grandz Tropeaux, de tous coſtez regardent
Si le Lion deſcend de la Montaigne,
S’il ſort du Boys, ou vient par la Campaigne,
Pour aſſaillir les Brebis & Moutonſ :
Dont les Bergers diſpoſez aux Cantons
De leur beau Parc, ſont grand Tumulte & Bruict,
De peur qu’ilz ont d’eſtre ſurpris la Nuict.
Et n’eſt Sommeil ſi preſſant qui les garde,
Que l’on ne face une ſoigneuſe garde.
Semblablement, voire d’ardeur plus forte,
Se contenoit la Gregeoiſe Cohorte.
Car le Sommeil en leurs Yeulx periſſoit,
Et le Deſir de veiller leur croiſſoit.
Auſquelz Neſtor trop joyeulx de les voir
Si ententifz a faire leur Debvoir,
Diſoit ainſi. Mes Enfans tres ayrnez
Veillez, veillez, & ne vous endormez,
À celle fin que l’Ennemy ne puiſſe
Executer deſſus nous ſa Malice,
Nous ſurprenant à faulte de bon Guet,
Qui nous ſeroit ung merveilleux Regret.
Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/328
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée