Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/327

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Filz de Tidée ? Es tu ſi endormy
Saichant ſi prés le Camp de l’ennemy ?
N’entens tu pas à leurs Cris, que la Plaine
Dicy au prés en eſt couverte & pleine ?
    Diomedés oyant Neſtor ſ’eſveille,
Et luy reſpond, Certes ie m’eſmerveille,
De toy Viellard qui es ſi endurcy
À ſupporter tant de peine & ſoucy.
Dont vient cela que ton eſprit ne ceſſe
De travailler ? N’as tu point de jeuneſſe
Aupres de toy, pour les Roys appeller,
Sans qu’il te ſaille ainſi par tout aller ?
Certes ouy : mais ta Nature vive,
Iamais n eſt laſſe, & ne peult eſtre oyſive.
    Il eſt tres vray Amy, & n’as dict rien,
Reſpond Neſtor, que ie ne ſaiche bien.
I’ay des Enfans tres preux, j’ay Serviteurs
Et mamtz ſubjectz, tous ardans Zélateurs
De mon repos ayans volunté grande
De m’obeyr en ce que ie commande.
Mais le danger & le Péril urgent,
Auquel ie voy & nous &c noſtre Cent,
Ne me permect : que par tout ie n’aſſiſte.
Bien cognoiſſant qu’il fault que l’on reſiſte
À ceſte fois : car ſi trop l’on demeure,
On ne ſcauroit garder que tout n’y meure.
Or maintenant, puis que tu as Pitie
De ce vieulx Corps, va t’en par Amytie,
Faire venir Ajax dict Oilée,
Et avec luy Megés Filz de Philée.
    Diomedés incontinent veſtit
Vne grand Peau de Lion, & partit