Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/336

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Ne montera ſur ces Courtiers exquis,
Que toy Dolon. Tu les auras conquis
Tres juſtement. Or done d’iceulx hérite,
Pour le Loyer digne de ton Merite.
    De pareilz motz le noble Hector jura
À ſon Troien mais il ſe parjura.
Si le ſemond de partir tout à coup,
Surquoy Dolon prend la Peau d’ung vieulx Loup
Deſſus ſon Dos, ayant ſon Arc tendu,
Soubi le Manteau à l’Eſpaule pendu,
Et ſur la Teſte une Salade neuſve
De Cuyr de Bouc endurcy à l’eſpreuve.
Puis en ſa main ung beau & luyſant Dard,
Se contenant en aſſeuré Souldard.
    Eſtant Armé il part ſans ſejourner :
Mais ce ſera ſans jamais retourner,
Trop grandement eſt deceu ſ’il eſpere
Reveoir Hector, encores moins ſon Pere :
Et va ſi toſt, qu’en peu de temps il gaigne
Ung grand Chemin par la belle Campaigne.
    Lors Vlyſſés qui n’avoit aultre Soing
Qu’a ſon voyage, apperceut de bien Loing
Venir Dolon. Si dict à ſon Amy
Diomedés, voicy ung Ennemy
Venant du Camp des Troiens ie me fie,
Ou bien qu’il ſert aux Ennemys d’Eſpie,
Ou bien qu’il vient deſpouiller quelque Corps
De ceulx qui ſont à la Bataille mortz :
Il ſera bon de le laiſſer paſſer
Encores oultre, & aux Nefz ſ’avancer,
Nous le ſuyvrons ſoubdain eſtans derriere,
Et le prendrons de facile maniere.