Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/337

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Adviſe bien touteſfois ſ’il ſ’efforce
De ſ’enfouyr, que l’on le chaſſe à force
Vers noz Vaiſſeaulx, le faiſant eſloigner
Du Camp Troien qu’il cuydera gaigner.
Suy le de prés avec ta longue Lance
Tant qu’on entende à ce Coup ta vaillance.
    Diſant ces motz les deux Grecs ſe deſvoyent
Entre les Mortz. Puis eſcoutent, & voyent
Leur Eſpion qui ſ’en alloit grand erre.
Quand ilz l’ont veu loing d’eulx autant de Terre,
Qut les Muletz accouplez deux à deux
En labourant gaignent devant les Beufz
Qui ſont tardifz : Incontinent ilz ſortent,
De leur Embuſche, & vers luy ſe tranſportent.
    Dolon oyant leur Bruict penſa qu’ilz fuſſent
Quelques Troiens qui partager voluſient
Aveques luy, empeſchans ſon Marché.
Ce temps pendant les Grecs l’ont approché,
D’ung ject de Dard : lequel appercevant
Quelz ilz eiloient, gaigna toſt le devant
À pleine courſe : Et les deux Gregeois partent
Qui de ſes pas (tant ſoit peu) ne ſ’eſcartent.
Qui aura veu deux Leuriers quelque ſoys
Et la preſſer tellement que la Beſte,
Penſe que ainſi ces Princes valeureux,
Donnoient la chaſſe au Troien malheureux.
Lequel n’avoit nul moyen d’eſchapper
Ains ſe voioyt plus ſort envelopper.
    Tant a ſouy Dolon à vau de Routte
Que peu failliſt qu’il n’entranſt en l’Eſcoute,