Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/342

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    Diomedés lors de travers regarde
Le poure Eſpie, & luy dicf Tu n’as garde
De m’eſchapper Ne metz en tes eſpritz
Eſpoir de vivre, encor qu’on ayt appris
Choſe de toy qui ſervir nous pourra.
Ie ſcay tres bien que quand on te lairra
Des maintenant aller en liberté,
Vne aultre fois tu auras volume
De viſiter noſtre Camp, & viendras,
Pour l’eſpier, ou bien nous aſſauldras.
Mais ſi tu meurs, comme eſt en ma puiſſance,
Tu ne ſeras jamais aux Grecs nuyſance.
    Ainſi luy dict. Et Dolon qui penſoit
Le convertir, prés de luy ſ’avancoit,
Pour luy toucher le Menton doulcement,
Et le prier : mais ſur ce penſement
De ſon Eſpée ung ſi grand Coup luy rue
Deſſus le Col qu’il l’abbat & le tue
Couppant les Nerfz, dont la Teſte ſ’en vole
En murmurant encor quelque parole.
Incontinent ont prins ſon Cabaſſet,
De peau de Bouc & le gentil Corpſfet
De peau de Loup, ſon Dard, ſes Arcz tenduz.
Puis Vlyſſés a ſes bras extenduz
Devers le Ciel : & tenant ces Harnois,
Prioit ainſi Pallas a baſſe voix.
Reſjouy toy Deeſſe de l’Offrande
Qu’on te preſente ainſi qu’a la plus grande,
Et la plus digne entre les Immortelz
À qui l’on doibt dreſſer Veux & Autelz.
Doreſnavant ta Deité haultaine
Aura de nous Oblation certaine.