Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/54

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Il te commande, & veult que tu ne failles,
Demain matin à renger tes batailles :
Car c’eſt le jour que la Cité de Troye,
Sera des Grecs entierement la proye.
Les dieux ne ſont ores plus diſcordans
Pour ceſt effect, ains à meſme tendans :
Voulans complaire à Iuno l’embraſée,
De grand ardeur de veoir Troye raſée :
À quoy auſſi Iuppiter ſ’eſt rengé,
Se cognoiſſant des Troyens outragé.
Or garde toy, & feras comme ſage,
À ton reſveil d’oublier mon meſſage.
    Lors ſ’envola laiſſant l’entendement
D’Agamemnon moleſté grandement :
Qui diſcouroit, comment pourroit parfaire
Choſe pour lors, tres mal ayſée à faire.
Certainement il luy doit à ce jour
Deſtruire Troye, & ſe mettre en ſejour :
Mais le grand fol eſtoit loing de ſon compte,
Car Iuppiter preparoit une honte
Et grand malheur (par ſes divins moyens)
À tous les deux, & Gregeois, & Troyens.
    Il ſe leva : & ſur ſa couche belle
Eſtant aſſis, & veſtit robe nouvelle :
Puis ſ’affubla d’un manteau grand & large,
Et quant & quant ſes piedz delicatz charge
De beaux ſouliers. Apres ceint une eſpée
De clouz d’argent ornée & diaprée.
Ainſy veſtu, & tenant en ſa dextre
Son paternel & non corrompu ſceptre,
Sort de ſa tente, & aux neſz ſ’eſt rendu,
Pour adviſer ſur le faict entendu.