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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/55

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    Sus le droict poinct qu’Aurora ſ’en montoit
Au hault Olympe, & la clarté portoit
Aux immortelz, avant le clair Souleil :
Agamemnon feit ſemondre en conſeil,
(Par ſes Heraulx, crians à haulte voix)
Grans, & petitz, de tout le camp Gregeois.
    Chaſcun y vint : mais avant reveler
Le tout au peuple, il voulut appeller
Ung peu à part les plus vieulx de l’armée.
Dont la prudence eſtoit mieulx eſtimée :
Auſquelz, eſtans dans le vaiſſeau aſſis
Du bon Neſtor il dict de ſens raſſis.
    Oyez, amys, ce que la nuict paſſée
Le divin Songe a mis en ma penſée.
Il eſt venu reſſemblant proprement
À ce vieillard, & m’a dict clairement :
Filz d’Atreus, fault il que tu repoſes
Lors qu’il convient penſer à autres choſes ?
L’homme prudent, ſubgect : a tant d’ennuys,
Ne doibt dormir ainſy toutes les nuictz.
Eſcoute donc ce que je te veulx dire
De par le Dieu Iuppiter qui deſire
L’advancement de ta grand renommée
Il te commande à renger ton armée
Demain matin, en ordre de combatre :
Car c’eſt le jour que tu pourras abatre
L’orgueil Troien, & prendre leur Cité
Les dieux ne ſont plus en diverſité
Pour les ſaulver Iuno leur ennemye,
Leur à ſi bien la penſée endormie,
Qu’ilz ſont d’accord : & meſmes Iuppiter
Contre Priam ſ’eſt voulu deſpiter.