Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/56

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    Ces mots finiz, le ſonge ma laiſſé
Et ie me ſuis devers vous adreſſé,
À celle fin, amys, que l’on adviſe,
Comme on pourra fournir ceſte entrepriſe.
En premier lieu, avant ſe mettre en armes,
I’eſprouveray le cueur de noz Gendarmes,
(Si bon vous ſemble) & ſouz ung doulx parler
Conſeilleray à tous de ſ’en aller,
En leurs maiſon : mais vous d’aultre coſté
Contredirez à ceſte volonté,
Les contraignant de parole, & de faict,
De ſ’arreſter, tant que tout ſoit parfaict.
    Adonc Neſtor, qui tres bien eſcouta
Agamemnon, debout ſe preſenta,
Diſant ainſy. Ô princes de renom,
Si l’un de nous autre qu’Agamemnon,
Nous racontoit avoir veu pareil ſonge,
Nous penſerions, pour vray, que fuſt menſonge :
Et quant & quand ſeroit à grand riſée
En nous mocquant, ſa fable refuſée.
Mais pour-autant que ſ’il qui le recite,
Eſt le plus grand de tout noſtre exercite,
Croire le fault. Parquoy ſans plus attendre
Ie ſuis d’advis que nous devons entendre
À ce qu’il dict, enhortant noz ſouldars,
De mettre au vent les Gregeois eſtendars.
    L’opinion de Neſtor fut trouvée
Alors treſbonne, & de tous approuvée,
Et ſur ce poinct, Agamemnon ſe part,
Suivy des Roys, pour tirer celle part.
Ou tout le peuple acouroit de grand zele,
Cuydant ouir quelque choſe nouvelle.