Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/58

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Ce Sceptre apres vint en poſſeſſion
D’Agamemnon, par la ſucceſſion,
Du bon pays d’Argos, & autres villes,
En terre ferme avec ques belles iſles.
Se contenant donc ſur ce Royal ſceptre,
Iadis porté par Pelops ſon anceſtre,
Premierement ſon regard addreſſa
Deſſus le camp, puis ainſy commenca.
    De grieſve playe, & mal inſupportable,
(Ô peuple Grec, par armes indomptable)
M’a Iuppiter grandement affligé :
Et noſtre affaire en tout mal dirigé.
Avant qu’on vint icy faire la guerre,
Il me promit que nous mettrions par terre
Ceſte cité : & que ſans ſejourner,
Chaſcun pourroit en Grece retourner.
Mais à preſent, dont je ſuis eſbahy,
De luy me voy, & deceu & trahy.
Car en changeant ceſte volunté bonne,
Preſentement il conſeille, & ordonne,
Que l’on ſ’en voiſe, ayant ſi grieſve perte,
Par ſi longtemps, en ce ſiege ſoufferte.
Ainſy le veult ce grand dieu, qui abaiſſe,
Quant il luy plaiſt, toute force & haulteſſe :
Qui les Citez plus grandes extermine
De fondz en comble, & met tout en ruine.
Ô quel malheur, deveoir ſur mer flottans
Tant de vaiſſeaulx, tant de bons combatans
Icy par terre, & n’avoir onc ſceu prendre
Troie, qui n’a moyen de ce defendre.
Et qu’il ſoit vray, quand il ſeroit permis,
Que les Troiens comme noz bons amys,