Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/61

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Au grand honneur, & louange immortelle
Du Roy Priam, & toute ſa ſequelle.
Si bien ſouvent ta divine éloquence
À faict : aux cœurs humains changer ſentence,
Il la convient maintenant employer,
Pour tel vouloir des Gregeois deſvoyer.
Deſcends là bas, & les retiens, de ſorte
Que nul vaiſſeau du port Troy en ne ſorte,
Iuſques à tant que la Grece outragée,
Soit par un feu entierement vengée.
    Quand la Déeſſe aux yeux verds entendit
Iuno parler, tout ſoudain deſcendit ;
Et vint trouver le ſubtil Vlyſſés,
Lequel avoit les autres Grecz laiſſez
Chargé de dueil, & angoiſſe infinie,
Voyant ſi mal ceſte guerre finie :
Qui toutes fois nul ſemblant ne faiſoit
De ſ’equiper tant fort luy deſplaiſoit.
    Eſt-il conclu, Ô Vlyſſés tres ſage ?
(Diſt lors Pallas) que ſi honteux paſſage,
Se parfeira, & qu’on verra fouir
Ainſy les Grecz, & les Troyens jouir
De la beauté, pour laquelle ravoir
Toute la Grece aſſembla ſon pouvoir ?
Souffrirez vous doncques telz raviſſeurs
Injuſtemenr en eſtre poſſeſſeurs ?
Va t’en aux Grecz, & par ton doux langage
Enhorte les de changer de courage,
En demourant icy tant que l’on voye
Ars Ilion, & la Cité de Troie.
    Le ſubtil Grec oyant la voix divine,
Sans faire arreſt, vers le camp ſ’achemine,