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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/62

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Et pour aller un peu plus promptement,
Il deſpouilla ſon grand accouſtrement,
Qui le preſſoit : lequel leva de terre
Ung des heraux qui le fuyvoit grand erre.
    Lors en courant, ainſi que par rencontre
Agamemnon luy vint droict à l’encontre,
Duquel il print le beau Sceptre doré,
Afin qu’il fuſt plus crainct & honoré.
    Si d’aventure en ce grand deſarroy,
Il rencontroit quelque grand Prince, ou Roy
Il l’arreſtoit par parole amiable,
En luy diſant : Il n’eſt pas convenable
Mon compagnon que toy, & moy qui ſommes
Icy les chefz, ſoyons comme ces hommes
De bas eſtat, couars, & pareſſeux :
Car nous devons remonſtrer à iceulx
Leur laſcheté, & touſjours les induire
À ce qu’on veoit plus proprement leur duire.
Tu n’encens pas la fineſſe ſubtile
D’Agamemnon qui par facon gentille
Sonde les cueurs des Grecs, afin qu’il ſaiche
Lequel d’entre eulx aura le cueur plus laſche,
Ou plus hardy, pour apres ordonner
De les punir, ou de les guerdonner.
Chaſcun n’a pas entendu ſon ſecret,
Il eſt par trop adviſé & diſcret :
Par quoy nous fault enſemble procurer,
Qu’il n’ait moyen contre nous murmurer.
L’ire d’ung Roy eſt grande, & redoutable,
Et ſa fureur du tout inſupportable :
Car le pouvoir, par lequel il domine,
Vient droictement de la faveur divine :