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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/70

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Que nous aurons, par neuf ans devant Troy
Nous tournera en redoublée joye :
Car l’on verra ſur la dixieſme année
Priam occis, & Troye ruinée.
Ainſi nous fut par Calchas declairé
Ce grand ſecret, qui eſt la averé.
Voicy le bout, nous ſommes ſur la fin :
Donc attendons encor un peu, afin
Que tous chargez de memorable gloire,
Nous rapportions des Troy ns la victoire.
    Ceſte oraiſon par Vlyſſés tiſſue,
Fut ſi tres bien des aſſiſtans receue,
Que les vaiſſeaux, les tentes, & rivage,
Incontinent en firent teſmoignage :
Tous reſonans du bruit que l’aſſiſtence
Feit, approuvant ſa louable ſentence.
Et auſſi toſt que ce grand cry ceſſa,
Le vieil Neſtor pour parler ſ’avanca,
    Ô choſe indigne, à jamais reprochable,
(Dit-il alors) Ô peuple variable :
En quel malheur hommes nous devenuz ?
Tous les conſeilz que nous avons tenuz
Par cy devant toute la braverie,
Comme je voy, n’eſtoit que mocquerie,
Et jeu d’enfans : l’eſprit deſquelz travaille
Plus pour neant, que pour choſe qui vaille.
Où ſont les veux, les promeſſes jurées ?
Les grans ſermens, voluntez conjurées ?
Ou eſt la haine, & menace cruelle
Contre Priam, en eſt-il plus nouvelle ?
Certes nenny, tout eſt eſvanouy,
Tout oublié, & loing de nous fouy.