Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/69

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Soubz un Platain, d’ombre recreative,
Ioignant lequel une fontaine vive
Source prenoit, qu’un Dragon tres horrible
Sortit du pied de l’autel, ſi terrible,
Qu’il n’y eut cœur de Grec ſi hazardeux,
Qui ne tremblaſt à le veoir ſi hydeux :
Car grand eſtoit, & d’admirable taille,
Painct de couleur vermeille ſur l’eſcaille.
Or ce Dragon de l’arbre ſ’approcha,
Et au plus hault des branches ſe jucha :
Ou il trouva, entres les fueilles vertes,
Huit paſſereaux crians à voix ouvertes :
Leſquelz ſoudain il mit dedans ſa gueule.
Et les mengea : Apres la mere ſeule,
Qui lamentoit, ſans petitz demourée,
Fut quant & quant du Dragon devorée.
Mais auſſi toſt que la mere mengea,
Tout auſſi toſt ſa figure changea :
Car de Dragon horrible à approcher,
Fut tranſformé (voyans tous) en rocher.
Adoncques nous fuſmes de ſi grand cas
Tous eſtonnez. Si nous dict lors Calchas :
Ô peuple Grec, Qui te rend taciturne,
Et eſbahy ? Le grand fils de Saturne,
T’a demonſtré maintenant un clair ſigne
De ta louange, & gloire tres inſigne.
L’heure t’attend (bien que longue & tardive)
Mais qui rendra ta Renommée vive.
Car tout ainſy que ces oyſeaux petitz.
Par le Dragon ont eſté tranſgloutiz,
Avec la mere eſtans neuf, en vray nombre :
Pareillement le dangereux encombre