Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/72

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Qui bien oſa, d’entrepriſe vilaine,
Aller ravir en Grece Dame Helaine.
Et ce pendant, Si quelque malheureux,
Quelque Remys, & peu adventureux,
Trouve mauvaiſe icy noſtre demeure,
Et veult fouir je conſeille qu’il meure,
Quand eſt à toy Agamemnon tu dois
Bien adviſer à tou ce que tu vois.
Prendre conſeil, quelque ſois en donner,
Et par le bon touſjours te gouverner.
Ie ſuis d’advis, que ton Camp tu departes
Par Nations : & qu’un peu les eſcartes
L’une de l’autre, en les faiſant marcher
Chacune à part car ſ’il fault approcher,
Tu la verras mieux combatre apar elle,
Que de les mettre enſemble peſle-meſle,
En ce faiſant tu pourras à l’œil veoir,
Leſquelz d’iceux feront mieux leur devoir :
Et ſ’il tiendra aux Dieux, ou à l’armée,
De ne veoir toſt la guerre conſommée.
    Au bon conſeil de Neſtor, reſpondit
Agamemnon doucement, & luy dict
Certainement il eſt aiſé à voir
Digne Vieillard, qu’en Prudence & ſcavoir
Tu paſſes tous les Grecs qui ont eſté.
Las, & que n’ay-je ores à volunté,
(Ô Iuppiter, Ô Phœbus, Ô Pallas)
Dix telz Neſtors pour me donner ſoulas :
L’on verroit toſt, par leur bonne conduicte
Priam captif & ſa Cité deſtruicte.
C’eſt mon malheur, & le plaiſir des Dieux,
Qui m’ont plongé en debatz odieux