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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/73

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Contre Achillés, pour l’amour d’une dame
Don ta moy ſeul, en demeure le blaſme.
Mais ſ’il advient par leur divine grace,
Que bon accord entre nous deux ſe face,
Il n’y aura rien qui puiſſe defendre,
De veoir bien toſt Ilion mis en cendre.
Or maintenant afin d’eſtre plus forts,
Allons diſner : penſons de noſtre corps,
Pour tos apres noz ennemis combatre
Plus hardiment & vueillez vous eſbatre
À bien polir voz harnois beaux & clairs,
À mettre en poinct voz Eſcuz & Boucliers,
Voz chariotz droictement ateſler
Qu’on ne les puiſſe en rien voir eſbranſler.
Et deſſus tout bien penſer voz chevaux,
Auſquelz faudra ſupporter grands travaux :
Car la bataille & mortelle eſcarmouche,
Ne ceſſera que le Soleil ne couche.
Dont on verra ſouz le Baudrier ſuer
Maint bon ſoldat pour trop ſ’eſvertuer :
En ſouſtenant le Pavois pour deffence,
Et en frappant du glaive par offenſe :
Et les chevaux à force de tirer,
À peine auront povoir de reſpirer.
Au demeurant ſi en rien j’apercoy
Quelque Grégeois tant malheureux de ſoy.
Qui pour fuir le combat, ſe retire
Hors de la troupe, & ſe cache au navire :
Il n’y a riens qui le peuſt ſecourir,
Que ne le face incontinent mourir :
Et puis ſon corps privé de ſepulture,
Iecter aux chiens, & oyſeaux pour paſture.