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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/81

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Du camp des Grecs, haulſant juſques aux nues
Leur voix & criz : ainſy que ſont les Grues,
Qui prevoyans la pluye, & la froidure,
Laiſſent les montz, & vont cercher paſture
Pres de la mer, dreſſans grottes armées
Contre les Nains, autrement dictz Pygmées :
Auſquelz ſouvent ſont guerre tres cruele,
À coups de bec, à coups de griffe, & d’eſle.
    Mais les Gregeois d’aultre coſté marchoient
Sans faire bruyt, & touſjours ſ’approchoient,
Pleins de fureur, & animez de rage
Pour ſe venger, avec ardent courage
D’eſtre vaincqueurs, & ſ’entreſecourir :
Quand ilz devroient l’ung pour l’aultre mourir.
    Et tout ainſi qu’on voit au temps d’hyver
Souventeſfois la brouée arryver.
Que le froid vent ſoufflant par la campaigne,
Porte ſoubdain au hault de la montaigne,
Choſe qui eſt aux Bergers tres nuyſante,
Et aux larrons, plus que la nuyct duiſante.
Car l’oeil humain ne ſcauroit veoir par terre
Gueres plus loing, qu’eſt ung ſeul ject de pierre.
De meſme ſorte à l’approcher des bandes,
Se leva tant de pouldre par les landes,
Qu’elle oſta lors aux Troiens le povoir,
Et aux Gregeois enſemble de ſe veoir.
    Et auſſy toſt que les camps ſurent preſtz
Pour batailler ſ’entrevoyants de prés :
Le beau Paris les rengz Troiens paiſa,
Et vers les Grecs, à grans pas ſ’advanca,
En provoquant fierement les plus forts,
De ſ’eſprouver contre luy corps à corps.