Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/112

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Athènè avait répandu une grâce divine sur sa tête et sur ses épaules, et l’avait rendu plus grand et plus majestueux, afin qu’il parût plus agréable, plus fier et plus vénérable aux Phaiakiens et qu’il accomplît toutes les choses par lesquelles ils voudraient l’éprouver. Et, après que tous se furent réunis, Alkinoos leur parla ainsi :

— Écoutez-moi, Princes et chefs des Phaiakiens, afin que je dise ce que mon cœur m’inspire dans ma poitrine. Je ne sais qui est cet Étranger errant qui est venu dans ma demeure, soit du milieu des hommes qui sont du côté d’Éôs, soit de ceux qui habitent du côté de Hespéros. Il nous demande d’aider à son prompt retour. Nous le reconduirons, comme cela est déjà arrivé pour d’autres ; car aucun homme entré dans ma demeure n’a jamais pleuré longtemps ici, désirant son retour. Allons ! tirons à la mer divine une nef noire et neuve, et que cinquante-deux jeunes hommes soient choisis dans le peuple parmi les meilleurs de tous. Liez donc à leurs bancs les avirons de la nef, et préparons promptement dans ma demeure un repas que je vous offre. Les jeunes hommes accompliront mes ordres, et vous tous, Rois porteurs de sceptres, venez dans ma belle demeure, afin que nous honorions notre hôte dans la maison royale. Que nul ne refuse, et appelez le divin Aoide Dèmodokos, car un Dieu lui a donné le chant admirable qui charme, quand son âme le pousse à chanter.

Ayant ainsi parlé, il marcha devant, et les Porteurs de sceptres le suivaient, et un héraut courut vers le divin Aoide. Et cinquante-deux jeunes hommes, choisis dans le peuple, allèrent, comme Alkinoos l’avait ordonné, sur le rivage de la mer indomptée. Étant arrivés à la mer et à la nef, ils traînèrent la noire nef à la mer profonde, dressèrent le mât, préparèrent les voiles, lièrent les avirons avec des courroies, et, faisant tout comme il convenait, étendirent les blanches voiles et poussèrent la nef au large. Puis,