Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/259

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tes étables afin d’obéir à tous les ordres d’un chef. Va donc, et celui-ci me conduira, comme tu le lui ordonnes, dès que je me serai réchauffé au feu et que la chaleur sera venue ; car, n’ayant que ces haillons, je crains que le froid du matin me saisisse, et on dit que la ville est loin d’ici.

Il parla ainsi, et Tèlémakhos sortit de l’étable et marcha rapidement en méditant la perte des Prétendants. Puis, étant arrivé aux demeures bien peuplées, il appuya sa lance contre une haute colonne, et il entra, passant le seuil de pierre. Et, aussitôt, la nourrice Eurykléia, qui étendait des peaux sur les thrônes bien travaillés, le vit la première. Et elle s’élança, fondant en larmes. Et les autres servantes du patient Odysseus se rassemblèrent autour de lui, et elles l’entouraient de leurs bras, baisant sa tête et ses épaules. Et la sage Pènélopéia sortit à la hâte de la chambre nuptiale, semblable à Artémis ou à Aphroditè d’or. Et, en pleurant, elle jeta ses bras autour de son cher fils, et elle baisa sa tête et ses beaux yeux, et elle lui dit, en gémissant, ces paroles ailées :

— Tu es donc revenu, Tèlémakhos, douce lumière ! Je pensais ne plus te revoir depuis que tu es allé sur une nef à Pylos, en secret et contre mon gré, afin de t’informer de ton cher père. Mais dis-moi promptement ce que tu as appris.

Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :

— Ma mère, n’excite point mes larmes et ne remue point mon cœur dans ma poitrine, à moi qui viens d’échapper à la mort. Mais baigne ton corps, prends des vêtements frais, monte avec tes servantes dans les chambres hautes et voue à tous les Dieux de complètes hécatombes que tu sacrifieras si Zeus m’accorde de me venger. Pour moi, je vais à l’agora, où je vais chercher un hôte qui m’a suivi quand je suis revenu. Je l’ai envoyé en avant avec mes divins compagnons, et j’ai ordonné à Peiraios de l’emmener dans sa de-