Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/294

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Ni des soins que mérite un suppliant débile.
Au jour tu reprendras ton vieil habillement,
Car nous ne possédons tunique ni pelisse
De rechange ; l’on n’a qu’un habit par valet.
Mais lorsque reviendra le fils chéri d’Ulysse,
Il saura te pourvoir d’un vêtement complet
Et te rendre au pays que nommeront tes lèvres. »

Cela dit, il se dresse, il met près du foyer
Un lit couvert de peaux de brebis et de chèvres.
Le roi s’y couche ; Eumée a soin de déployer
Sur lui l’épais manteau qu’il revêt d’habitude,
Chaque fois qu’au dehors règne un temps rigoureux.
Le prince dort ainsi ; la jeune servitude
À ses côtés s’allonge. Or, son chef vigoureux
Ne veut pas rester là, dormir loin de ses bêtes ;
Il sort, et va s’armer. Ulysse voit content
La spontanéité de ces mesures nettes.
Eumée à son flanc dur ceint un glaive éclatant,
S’affuble d’un surtout solide, impénétrable,
D’une chèvre de poids saisit l’immense peau,
Et prend sa pique, aux chiens, aux hommes redoutable.
Puis il court reposer près du soyeux troupeau
Qui dort, narguant Borée, à l’abri d’un coupeau.