Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/73

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De robes de gala, de manteaux les vêtirent ;
Sur des chaises alors près d’Atride ils s’assirent.
Une esclave bientôt en un bassin d’argent
Pour leurs mains vida l’eau d’une aiguière dorée,
Et roula devant eux une mense en bois fin.
L’honorable intendante, à son zèle livrée,
De pain, de mets divers, la surchargeait sans fin.
L’écuyer-découpeur leur porta maintes viandes
Et de calices d’or ensemble les munit.

Les prenant par la main, le prince blond leur dit :
« Mangez, complaisez-vous à ces choses friandes.
Votre repas fini, nous vous demanderons
Qui vous êtes ; fameux sans doute sont vos pères ;
Vous descendez de rois, d’immortels sceptrigères.
Des hommes tels que vous n’ont pas d’obscurs girons. »

À ces mots, il leur sert l’échine succulente
Du bœuf couvrant sa table en rôti d’apparat.
Nos amis bravement dégustent chaque plat.
Quand leur faim eut cessé, que leur soif devint lente,
Télémaque, penché vers le fils de Nestor,
Lui dit tout bas, de peur qu’on ne vînt à l’entendre :
« Vois donc, Nestoridès, compagnon cher et tendre,
Comme éclatent partout, variant leur décor,
L’airain, l’or, l’électrum, et l’argent, et l’ivoire.
De Zeus Olympien tel sera le pourpris.
Quel luxe merveilleux ! c’est à ne pas y croire… »

Ains le blond Ménélas, ce propos-là surpris,
En retour leur darda ces paroles ailées :
« Chers enfants, nul mortel ne lutte avec Jupin ;