Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/108

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table, où siégeaient d’autres Géants, encore dans l’attente des arrivants.

« On servit avec promptitude un repas confortable, que parurent apprécier les voyageurs ; ils s’assirent tout d’abord et se servirent, tandis que les habitants du lieu s’occupaient d’Henri, essayant de lui faire reprendre ses sens.

« Un vaste feu de bois brûlait, mais mouillé et triste. Que pouvaient-ils bien vouloir faire d’Henri ? Le voici qui revient à lui (Rubis l’entend soupirer) ; mais il fallut du temps pour qu’il rouvrît les yeux. Il croyait que tout cela était un rêve, sa tête n’étant point encore quitte des effets de l’emplâtre drogué. On lui fit boire du café chaud, qui le ranima ; et il s’éveilla graduellement au sentiment de la vérité, essayant de rassembler ses pensées. — « Pourquoi m’avez-vous amené ici ? » cria-t-il, se dressant, haut et sévère, et fixant les yeux sur le Double-Face, avec un regard tel que ce gros Géant trembla dans ses bottes, car une mauvaise conscience rend lâches les hommes les plus forts.

— « Je vous ai amené ici, parce que vous êtes en train d’essayer de nous nuire par vos réformes ; et vous ne supposiez pas que nous allons le permettre, ainsi que des agneaux. » Le Ministre vit que sa situation était grave et