Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/131

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vois, et il est trop puissant pour nous permettre d’aller au plus près, au gré de la belle. Il vaudrait mille fois mieux le laisser faire à sa guise que courir la chance d’être péris ou noilliés. » — « Ohé ! Pat, je m’étonne que tu aies la hardiesse de parler comme ça, quand les esprits sont dans l’affaire, » dit Ted d’un ton de blâme. « Tu sais que le Patron nous a dit que nous allions faire une expédition de sauvetage, pour délivrer quéque pauvre gentilhomme que les Géants ont empoinié : aussi, quand nous naviguons pour une bonne cause, pas n’est besoin d’avoir peur du diable. » — « C’est la première fois que j’fais connaissance avec les esprits, et j’serais aise que ce soit la dernière, » fit Pat mécontent, « car je sais qu’ils nous mettront à mal. Qu’est-ce que me fait le gentilhomme ? Que les esprits s’en aillent vers un autre vaisseau, où il peut y avoir des gars qui trouveront la plaisanterie meilleure. Oh ! tonnerre ! si je ne croyais pas que ce coup-là allait emporter le grand mât ! Il est certain que nous allons bentôt voir le fond de la mer. » — « Ici, Jacquet ! » cria-t-il à un matelot qui venait de monter sur le pont avec une provision de rhum pour les hommes. « Buvons un premier coup ! » et, ce disant, Pat saisit le bidon et prit une bonne lampée qui le vida presque, ne s’inquiétant point si ses cama-