Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/132

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rades allaient s’en passer, ou non. — « Le diable te tienne pour un porc assoifé », cria Ted dans une grande colère, saisissant à son tour le bidon et s’apercevant qu’il était quasiment à sec. — « Ha ! ha ! le diable est une vieille connaissance à moi, » rit Pat, à la tête de qui les fumées des spiritueux montaient déjà ; et, pour le moment, il oubliait sa peur. « J’ai ben l’intention de boire encore plus d’un bidon de rhum, de mon vivant ! » À peine avait-il proféré ces mots, que toute la force de la bourrasque sembla éclater juste à sa place, nettoyant tout à bord. Les jambes peu fermes et aveuglé d’effroi, Pat chercha à se mettre à l’abri, en s’élançant en sens contraire ; mais il oublait qu’il n’y avait point de rampe à hauteur pour défendre ce côté, et le vent, l’attrapant dans sa course, le lança par-dessus bord. On fila un câble, mais la colère des vagues avait déjà roulé l’ivrogne hors de portée ; et, hurlant pour avoir du secours, il disparut dans le gouffre écumant.

« Rubis, cependant, avait bravement lutté contre les éléments contraires ; et, quoiqu’elle remarquât avec anxiété que la journée avançait, tandis que le vaisseau se démenait en faisant peu de chemin, elle eut foi néanmoins dans le pouvoir de la bonne Fée et ne consentit point à se livrer au désespoir. Neuf