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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/20

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mousse, elle s’absorbait dans le contenu de son livre, elle sentit quelqu’un lui toucher le bras ; et, levant les yeux, aperçut une vieille très-misérablement vêtue, qui paraissait aveugle. Ennemie de toute laideur et de toute pauvreté, la Princesse surgit de sa couche et secoua vivement la vieille qui, étant très-faible, tomba presque.

« Que voulez-vous ? Pourquoi me dérangez-vous ? » demanda-t-elle en colère. — « De grâce, mignonne dame, ne vous fâchez pas trop, » répliqua la vieille, humblement. « Errante, j’allais par le bois à la recherche de mon chien, que m’a volé quelque méchant garçon ; et, quasiment aveugle, je ne puis trouver mon chemin, pour en sortir. Je ne vous aurais pas vue, sans un rayon de soleil qui pénétra ces arbres et montra, dans l’ombre, un visage d’enfant : aussi me suis-je enhardie à vous demander si, par bonté, vous voudriez me conduire hors du bois. » — « Oh ! ma bonne femme, » répondit la Princesse avec mépris, « il vous faut vraiment trouver quelqu’un d’autre qui vous aide à sortir du bois ; vous n’avez point le droit d’y être et c’est même en délinquante que vous vous présentez à moi. Cependant soyez sûre que vous trouverez quelqu’un pour vous montrer le chemin : je suis occupée, excusez-moi. »