Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/49

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missant. Alarmée, elle tourna la tête du côté d’où venait le bruit, mais put à peine ouïr si ces plaintes partaient d’un animal ou de l’un de ses semblables. Si c’était d’un homme, qu’elles étaient terribles ! Peut-être pouvait-elle porter secours ; elle le devait tenter, malgré sa cécité. Aussi, elle se dressa et, en dépit des ronces et des églantiers qui interceptaient sa marche, guidée par les gémissements, elle se fraya un chemin, là où gisait un adolescent évidemment blessé. « Qui êtes-vous ? Qu’y a-t-il ? Puis-je vous venir en aide ? » demanda-t-elle, dans sa tremblante ardeur et lui passant les mains sur le visage. — « Étanchez cette blessure, ou je meurs ! » répondit le jeune homme, les yeux à demi fermés de douleur. La Princesse s’agenouilla près de lui, et dit : « Guidez ma main vers votre blessure, car je suis aveugle, » et, arrachant en même temps de ses yeux le bandeau magique, elle posait sur sa blessure la main qu’il guidait. Or, loin de sentir la cuisante douleur fondre sur ses yeux, les voici qui s’ouvrirent, aussitôt, avec leur vue retrouvée. Elle était enfin arrivée à chasser complètement tout reste d’égoïsme ainsi que souhaitait la Fée Bonté, préférant jusqu’à souffrir elle-même plutôt que de refuser aide à son prochain dans un besoin cruel.