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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/68

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naissant : mais elle traîne bien trop, celle-là que nous subissons chaque jour. » Et un regard désespéré vint aux yeux de l’homme. — « Notre sort est dur, pauvre Tom ! » répondit sa compagne, « car nous ne l’avons pas mérité. Et moi qui m’étais habituée à croire qu’il fallait être bien mauvais pour en être réduit à une si terrible pauvreté !… » — « Ah ! tu ne connaissais point le monde, ma fille, » reprit Thomas amèrement, comme sans prendre garde à ces dernières paroles ; « on entend beaucoup parler d’institutions charitables dans cette terre de liberté, mais où y en a-t-il une qui vienne à notre secours, excepté l’Enfer des Pauvres, ce Workhouse, dans lequel il nous faut entrer, ou périr ? » Catherine tressaillit tout en répétant : « Le Workhouse ! Oh ! plutôt la Mort. On nous séparerait, on nous traiterait comme des criminels, oui ! nous serions prisonniers. Les gens nous montrent tant de dureté dans l’état où sont les choses, que je redoute toujours d’aller à eux. C’est si cruel de leur part, oh ! certes, quand ils savent combien vous êtes faibles. » — « Ah ! oui, ma fille, ils n’ont pas grande sympathie ; et quant à faire appel aux sociétés de charité, nous en avons, une fois du moins, fait la triste expérience. Le pauvre Jeannot est mort d’épuisement pendant qu’on étudiait son cas, et