Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/67

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maintenant ils avaient un aspect farouche et famélique ; et la maigre somme d’habits qu’il portait tombait en haillons autour de lui. Il ne dormait pas, quoique couché et immobile, épiant non sans douleur sa femme, qui gémissait dans son sommeil ; et une expression d’angoisse passa sur son visage, pendant qu’avec intensité il fixait du regard la triste physionomie épuisée. « Ah ! ma pauvre fille ! qui étais si gaie et forte, ta propre mère, si elle vivait, ne te reconnaîtrait pas à présent ! » Et l’homme doucement lui tapotait les cheveux, tout en parlant, tandis que les larmes s’amassaient dans ses yeux. Ce heurt léger interrompit le faible sommeil de l’infortunée ; et, soulevant ses prunelles qu’elle fixa aussi sur son mari d’un air égaré, elle dit : « Oh ! cher Tom, ne désespère pas. J’ai eu un si beau rêve en dépit du froid qui me fait gémir, et je suis sûre qu’il est fait pour nous donner du courage ; ainsi espère encore. Il y a pour nous de la joie en réserve, et voici la fin de toutes nos souffrances. » — « Ce ne sera pas trop tôt, ma Catherine, » répondit Thomas, morose ; « en voilà plus que nous ne pouvons supporter. La Mort, il y a tout lieu de croire, est ce que présage ton rêve, et si seulement elle venait nous prendre vite et tous ensemble, je trouverais en mon cœur suffisamment de quoi lui être recon-