Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/70

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solante ; « peut-être quelque bonne âme en chemin vous donnera-t-elle de quoi déjeuner. Je serais aise de partir avant que cette Madame Sans-Pitié ne bouge, car, quoiqu’elle sache que nous sommes sur le point de nous en aller, sans pouvoir la payer, il est sûr qu’elle donnera cours à sa fureur, par des injures. Allons ! » ajouta-t-elle, après avoir secoué son vieux châle mince, en avoir convenablement disposé les plis sur ses épaules, et s’être essayée à faire prendre à son bonnet fatigué une tournure respectable, « et ne faites, en partant, d’autre bruit que celui qu’on ne peut empêcher. » Elle murmura ceci tout en ouvrant la porte, et l’homme inclina la tête en signe d’assentiment ; ils quittèrent ainsi leur grenier sans tapage et descendirent dans la rue, où nous les suivîmes, nous, vos humbles sujettes. Nous avons vu maint autre exemple apitoyant de misère, mais l’amour que se montrait ce couple, en dépit de l’adversité qui frappait sur tous deux, nous toucha au point que nous résolûmes pour l’instant de nous vouer tout à lui. La Fée Espoir avait commencé notre tâche en inspirant courage à ces malheureux : les voici qui se traînent par les rues désertes, l’espace de deux ou trois milles, sans rencontrer même une laitière. Avançant toujours, ils ne sont que plus défaits de privation