Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/71

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et de fatigue : Catherine demanda enfin à s’asseoir un peu sur le pas d’une porte. Ils trouvèrent un siège et un abri somptueux sous le portique d’une grande maison de briques, et se mirent aussi à l’aise que possible. Au même instant, une servante de laiterie à mine gaillarde, portant ses seaux de chaque côté, se dirigea vers la porte ; et les voyant, elle s’écria : « Miséricorde, quoi ! avez-vous dormi là toute la nuit ? » — « Guère mieux, bonne femme : la pauvre fille voudrait aller en ville, mais j’ai peur qu’elle n’y arrive pas sans un peu de nourriture tout juste pour la soutenir. » — « Que vous ayez l’air de mourir de faim, cela ne fait pas de doute, » affirma la laitière, après les avoir inspectés avec compassion. « Non, ne vous dérangez-pas, » continua-t-elle, les voyant se lever au moment où elle allait sonner ; « je connais la cuisinière d’ici, ce n’est pas un mauvais cœur, quoique son caractère ne soit pas des plus doux. La voici qui vient ! » Et comme elle parlait, la porte se déverrouilla, et parut une grande femme au visage blême, chargée de pots. Avant que la vendeuse de lait eût eu le temps d’ouvrir la bouche, la cuisinière avait aperçu nos deux amis ; s’adressant à eux sur-le-champ, elle leur cria, en agitant la main : — « Décampez, vous autres. Nous ne permettons à aucun vagabond d’em-