Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/77

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quand la femme lui remit au bras le petit. « Oh ! bénédiction, que oui ! la demi-douzaine toute ronde ! Mais c’est robuste, les miens, des petiots tout poussés : je n’ai jamais eu un bébé ayant l’air aussi faible comme le vôtre. Mais, c’est rien, quoi ! c’est de vivres que vous manquez tous ! Vous aurez meilleure mine, quand vous aurez mangé. Ha ! ha ! » Elle eut un gros rire en apercevant Marie-Jeanne, qui reparaissait avec un grand plat. « Je vous disais qu’elle était bien meilleure qu’elle n’en avait l’air, » et elle saisit le plat avidement, trouvant que c’était un vrai régal que de nourrir des êtres si parfaitement affamés ! La figure de l’homme était tiraillée par une émotion que son état de faiblesse lui rendait difficile à cacher devant cette bonté inaccoutumée ; et il mit à part les morceaux de choix pour Catherine qui, à son tour, les lui faisait quelquefois manger. Ils firent un repas cordial, arrosé d’une bonne goutte du lait pur de la brave femme : l’enfant en avait eu d’abord largement sa part. Restaurés et fortifiés, leur courage se releva, et ils se trouvèrent prêts à reprendre leur marche. Un sourire bon avait détendu le visage blême de Marie-Jeanne ; cela lui avait amolli le cœur de voir qu’elle avait réellement fait une bonne action et que ces restes, à tout prendre, n’étaient point gaspillés, car c’était