Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/78

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une femme laborieuse et consciencieuse qui, simplement, ne pensait rien de bon des mendiants : d’honnêtes gens (opinait-elle) ne pouvant jamais en venir à la mendicité. « Mais la laitière avait certainement raison, ceux-ci étaient des pauvres méritants : il n’y avait chez eux ni lunes ni cafarderie, pas de grognements comme chez les mendiants de profession ; mais ils mangeaient joyeusement et en étaient reconnaissants. » Sa bonne nature la domina à ce point que, comme ils se levaient pour partir, remarquant le châle mince de la femme et que bruinait du grésil, elle se souvint qu’elle en possédait un bien plus chaud, trop vieux et trop fané pour le porter, elle ; et qu’il y avait lieu de s’en défaire en faveur de Catherine qui avait l’air si doux. « Attendez un brin, voulez-vous ? » cria-t-elle, et elle franchit une fois de plus la porte en quête du châle, tandis que la laitière, ravie, expliquait : « Elle est allée vous chercher quelque chose encore, sûr. C’est une chance que vous soyez venus à cette porte et que je ne fusse point passée, car c’est une des meilleures bonnes de tout par ici, mais ce n’est pas un chacun qui peut la faire aller. Ah ! ne vous l’ai-je pas dit ? c’est quelque chose comme un châle, » et, le prenant des mains de Marie-Jeanne : « Vous feriez mieux de rouler le vôtre autour du bébé ! »