Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/80

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qui leur faisait paraître la route moins fatigante. Enfin, ils arrivèrent au quartier fashionable, où ils devaient se quitter, et nous de même. Tempérance allant avec Tom, Espoir et moi suivant la femme. La malheureuse eut peu de succès jusqu’à la tombée de la nuit, car il y avait beaucoup de mendiants de profession qui comprenaient mieux qu’elle l’art de toucher le cœur des passants ou de les ennuyer jusqu’à ce qu’ils se fissent donner ; si bien qu’à l’humble requête de Catherine : « Bonne dame, pouvez-vous me venir en aide ? » on passait ordinairement sans prendre garde, et, dans les rares cas où elle captivait l’attention, chacun préférait lui jeter quelques sous à s’enquérir de la vérité de ses paroles. C’est pourquoi, abattue par son échec, elle se porta à la rencontre de son mari, qu’elle vit marcher à elle, lent et accablé. — « Eh bien, Tom ? s’enquit-elle, trop lasse pour mettre en plus de mots ce qu’elle voulait lui dire. — « Ah ! ma fille, répondit-il, avec humeur, c’est dur de mendier ! Les femmes avaient peur de moi, et les hommes aussi paraissaient croire que je voulais les voler, tant ils passaient vite, me mettant quelquefois leur billon dans la main. Si j’essayais d’en suivre un et de dire : « Oh ! Monsieur, je ne demande pas l’aumône, mais de l’ouvrage, de l’aide pour trouver de