Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/88

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d’aspect bien tentant pour Thomas et Catherine. Après y avoir copieusement goûté, Monsieur Bon-Secours offrit une pipe à Tom, et lui demanda de conter son histoire, pendant que Catherine se retirait dans sa chambre, faite toute jolie pour la recevoir. L’histoire, la voici : — Ç’avait été un mécanicien, gros travailleur, habitant d’une ville de province où ses camarades s’étaient mis en grève : lui et quelques-uns, très rares, se trouvant satisfaits de leur salaire, avaient continué à travailler, conduite qui rendit furieux les Unionistes, ou ceux de la Grève, et fit tout perdre successivement au pauvre Thomas, du fait de leur méchanceté. On brisa les fenêtres de sa chaumière, on arracha nuitamment ses légumes, on empoisonna ses porcs, jusqu’au moment où Catherine s’alarma de tant de menaces et persuada à son mari de quitter l’endroit et d’aller à Grandum ; ils croyaient vivre là en paix. Mais, une fois dans cette capitale, ils eurent à payer plus pour une seule chambre dans une maison mal aérée que pour leur chaumière d’autrefois avec son grand jardin de rapport. Bientôt le manque d’air frais et du confortable dont ils avaient l’habitude attaqua la santé de leurs petits, les uns après les autres. Ces pauvrets, abattus par une fièvre maligne, moururent, après avoir traîné quelque temps. C’est ainsi que le