campagnes, et les îles fortunées où la terre non
labourée produit Cérès chaque année, où fleurit
la vigne non émondée, où le bourgeon germe et
ne trompe jamais, où la figue brune orne le
figuier, où le miel coule du chêne creux, où la
source transparente bondit dans son cours murmurant. Là, les chèvres viennent d’elles-mêmes pour
qu’on les traie, et les brebis dociles apportent
leurs pleines mamelles ; la contagion n’y attaque
point les troupeaux, et nul astre brûlant ne les
consume ; l’ours n’y gronde point le soir autour
des bergeries, et la vipère qui se dresse n’y soulève pas la terre. Que de choses nous admirerons, heureux ! Jamais l’humide Eurus ne creuse
le sol de ses pluies ; les grasses semences ne
sont point brûlées dans les sillons desséchés, tant
le roi des Dieux y tempère l’une et l’autre saison.
La nef Argo n’approcha point de ce lieu à l’aide
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épodes.